Nuit bouddhique au Koyasan

Le mois dernier, sur un coup de tête (enfin, pas vraiment, c’était réfléchi depuis longtemps, mais d’un coup on a décidé d’y aller, bref, vous allez voir, c’est passionnant), DONC, on est allés au Mont Koya (Koyasan), une montagne du Kansai (la région de Kyoto et Osaka, à 500km à l’ouest de Tokyo).

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Cette montagne est devenue au cours des siècles un lieu incontournable du bouddhisme japonais, et plus de 100 temples y sont aujourd’hui rassemblés. La grande particularité des lieux, en plus de la beauté et de la sérénité propres aux édifices religieux japonais et à leur environnement, est la possibilité de loger dans un temple et d’y découvrir la nourriture et le mode de vie des moines. Ça s’appelle shukubo. De plus, la concentration de temples et la possibilité de les admirer sous la neige si vous timez ça bien peuvent vraiment rendre un tel séjour inoubliable. Si vous avez l’occasion de le faire, c’est à tester absolument ! (Il n’y a aucune difficulté, ces temples ont développé une activité d’hébergement à part entière, les formalités sont totalement conventionnelles.)

L’album photos au complet en cliquant ici comme d’hab.

Nous nous y sommes donc précipités un vendredi de janvier, après en avoir pris la décision du jour au lendemain suite au visionnage de photos prises par une amie qui en revenait. La fine couche de neige visible sur ses photos avait certainement disparu, mais en consultant rapidement la météo, je constatai que de nouvelles chutes (légère, des « light snow showers ») étaient prévues incessamment. Certain que plus aucune chambre ne serait disponible dans des délais si courts, je jetai un œil distrait, par acquis de conscience, sur mon site fétiche dernièrement, booking.com, tout en doutant de la présence de temples sur un tel site. Je me trompais sur les deux tableaux : il y a des temples, et il y avait des chambres !

Alors pour y aller, c’est un peu compliqué : shinkansen de Tokyo à Osaka, arrivée à la gare de Shin-Osaka. De là, il faut prendre le métro jusqu’à la gare de Namba, où il faut aller à la gare de la compagnie Nankai, qui emmène jusqu’au pied du mont Koya, avec une correspondance si on ne veut pas prendre l’express qui coûte plus cher. Après le changement, on se retrouve donc dans un tout petit train à deux voitures fort mignon, qui nous amène au funiculaire qui nous monte jusqu’à la station du haut où nous prenons un bus pour aller jusqu’au centre du complexe de temples ! Il faut donc compter 4 heures à partir de Shin-Osaka.

Heureusement, partant un vendredi soir, nous avons coupé le trajet en deux en dormant à Osaka, et entamé avec entrain le périple aux moult correspondances le samedi matin. Ça ajoute une nuit d’hôtel, mais ça économise du temps et de la fatigue, et une ville comme Osaka propose une offre d’hébergement pléthorique, dont donc des options très économiques.

Arrivant à destination aux alentours de midi, nous remarquons avec plaisir, au cours des derniers mètres d’ascension du funiculaire et pendant le trajet final en bus, une fine couche de neige due aux légères chutes prévues. Joie ! Le bus nous dépose à deux pas de notre temple (associer ce mot avec un lieu où l’on loge sonne très bizarre) et nous sommes très heureux de constater que les photos d’internet ne mentaient pas : il est absolument charmant. Le week-end commence donc sous les meilleurs auspices.

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La chambre :

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L’heure du check-in n’étant pas encore venue, un moine fort sympathique prend en charge nos bagages avant de nous fournir des indications sur la configuration des lieux et la meilleure manière d’en profiter. Un petit village s’est développé entre les temples, il nous indique donc les restaurants où nous pourrons déjeuner, et le circuit à effectuer pour visiter les deux centres d’intérêt principaux : le cimetière Okunoin à l’extrémité de la ville, et plus proches de nous les principaux complexes de temples.

Voulant profiter de l’atmosphère particulière conférée par la neige, qui risque de fondre rapidement sous le soleil qui commence à percer, nous décidons de nous rendre immédiatement au Okunoin, réservant le reste pour le lendemain. J’oublie naturellement de récupérer la moitié des affaires que je comptais utiliser avant de laisser les bagages aux soins du moine (j’ai bien pris les gants et l’appareil photo, mais j’oublie l’écharpe et le bonnet), mais malgré un froid qui picote légèrement, cela ne semble pas très grave. Après un petit donburi revigorant au resto du coin, nous empruntons donc la rue principale le long de laquelle s’égrènent temples et pagodes. Nous sommes vraiment au cœur du sacré. Et il n’y a absolument personne. Pendant le trajet, le soleil se recache, tandis que la neige, que nous pensions disparue pour le week-end, commence à refaire son apparition, flocon par flocon. Mais rien de grave, pas de raison que je regrette d’avoir oublié quelques affaires !

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Nous arrivons finalement au petit pont encadré de majestueux sugi (cèdre japonais) qui marque l’entrée de l’Okunoin, immense cimetière au coeur duquel se côtoient les sépultures de personnes ordinaires comme des plus grandes célébrités du Japon (dont quasiment tous les célèbres samouraïs de Sengoku).

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La suite est… magique. Nous ne croisons que quelques pèlerins dans les longues allées solennelles bordées de sépultures de toutes les tailles et de tous les genres. L’air est d’une pureté enivrante et l’atmosphère éthérée et mystique des lieux nous submerge. Eh oui, rien que ça.

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De plus, la neige commence à vraiment tomber, et après quelques centaines de mètres dans le cimetière nous nous retrouvons dans un véritable blizzard. Sans mon équipement grand froid, je suis livré aux éléments déchaînés. Nous osons malgré tout prendre quelques photos et nous réjouissons des futurs paysages enneigés dont nous profiterons ! La perspective d’une boisson chaude dans un café en rentrant, et surtout celle des sources chaudes quand nous serons rentrés au temple, sont également extrêmement motivantes.

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Nous ne sommes pas déçus. Tout est recouvert d’une couche ouatée qui confère aux lieux l’atmosphère si particulière que nous espérions y trouver en partant ainsi bille en tête.

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Et notre temple est encore plus beau, à l’extérieur comme à l’intérieur.

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Après avoir profité des bains, c’est le repas végétarien (et pourtant délicieux, ai-je envie d’ajouter) qui nous attend, servi dans la chambre avec le raffinement japonais habituel.

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Une fois le repas dévoré, un moine vient débarrasser puis faire nos lits (des futons bien sûr, matelas à la japonaise posés à même le sol, avec une grosse couette, c’est hyper-confortable, on a l’impression de dormir dans un nuage). La nuit est cependant un peu difficile : l’isolation étant inexistante, et le temple donc gelé, il faut laisser tourner le chauffage toute la nuit. Or, comme toujours au Japon, c’est un chauffage sous forme d’air conditionné qui souffle de l’air chaud. D’où bruit. D’où nuit compliquée pour moi.

Qu’à cela ne tienne, au petit matin nous ratons allègrement mais aussi honteusement la prière du matin, et sommes requinqués par le petit dej, toujours végétarien, toujours servi dans la chambre, avant de partir visiter deux sites : le complexe de temples Danjo Garan, rassemblant plusieurs bâtiments, et son voisin le Kongobu-ji, temple où se trouve le siège de l’une des plus grandes sectes bouddhiques actuelles (Shingon).

Comme nous l’espérions, la neige a tenu, mais il fait maintenant grand beau temps, et c’est magnifique. Les lieux sont encore une fois quasiment déserts, et nous ne croisons qu’un groupe de pèlerins dont les prières résonnent dans le silence matinal.

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Bien que mieux équipés que la veille contre le froid, nous finissons par avoir les pieds gelés, et c’est avec un grand plaisir que nous partons visiter le Kongobu-ji, en particulier parce que nous avons lu dans un guide que le billet d’entrée comprenait la possibilité de se reposer dans une grande salle traditionnelle avec une tasse de thé et quelques biscuits. Après test, c’est donc vrai, et très bienvenu. En revanche, les photos sont interdites quasiment partout dans le temple, hormis en extérieur, où l’on peut admirer le plus grand jardin sec du Japon.

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Après ces visites, nous quittons la montagne avec pour but de rejoindre Osaka à temps pour visiter son château et assister à son spectacle d’illuminations nocturnes avant de reprendre le shinkansen pour Tokyo. Mais cela sera une autre histoire !

Le funiculaire en descente, c’est raide, gloups.

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Vous pouvez trouver un autre récit de ce week-end d’exception en cliquant ici !

Infos pratiques

Comment aller au Koyasan (en anglais)

Notre Shukubo : Fukuchi-in (réservable aussi par booking.com)

6 réflexions sur “Nuit bouddhique au Koyasan

  1. Pingback: Château d’Osaka, son et lumières | Tribulations bridées

  2. Cher Tribulateur,

    Je serai au japon à la mi février et j’espère bien profiter de ce type de spectacle, en tout cas cet article a confirmé ma totale envie d’aller voir Koya San.

    Pourrais tu s’il te plait m’indiquer dans quel shikubu vous êtes allés ? J’en cherche un chouette.

    Merci !

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